Dies Irae

Dans cette série réalisée avec son grand frère pour modèle, Éloi Ficat aborde de manière symbolique une difficulté très personnelle : celle de l’expression des émotions au sein de sa famille. Il y règne une pudeur émotionnelle extrême, une forme de retenue silencieuse qu’il a souhaité mettre en contraste, ou peut-être en lumière, en photographiant son frère nu. Ce grand frère à l’ombre duquel on grandit, ombre qui peut tantôt protéger, tantôt priver de lumière. Dans le courant de la rivière glacée, cette mise à nu réciproque, à la fois physique et émotionnelle, a permis de s’exprimer, autrement. Derrière chaque pose, chaque image captée, se découvre peut-être une émotion, refoulée ou simplement tue.

L’esthétique picturale qui s’en dégage nous invite à plonger dans un moment de contemplation et à laisser la place à nos propres interrogations. Quel est notre rapport à la fraternité, à l’expression des émotions, à la reconnaissance de l’autre et de ce qu’on partage avec elle ou lui ? Nos histoires interpersonnelles sont traversées par des doutes, des blocages, des remises en question, des incompréhensions mutuelles. Dans les flots de la rivière, les émotions et les désirs qui peinent à s’exprimer ne sont plus retenus : ils flottent, s’éloignent, tourbillonnent, ou se noient, nous rendant plus libres.

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